Le style Transition (1765-1775)

Le style Transition (1765-1775)


Le terme Transition désigne l’évolution stylistique qui, dans la seconde moitié du règne de Louis XV et au tout début du règne de Louis XVI, se caractérise par l’abandon des courbes et mouvement du Rocaille au profit des lignes droites, épurées et de la symétrie.


COMMODE DE STYLE TRANSITION PAR MERCIER FRERES (1828-1985) Commode de style Transition par Mercier Frères


Dans un premier temps, les attributs ornementaux spécifiques du style Louis XV sont juxtaposés à ceux néoclassiques du style dit « à la grecque ». Puis, seuls les attributs inspirés de l’Antiquité sont conservés : c’est l’avènement du style Louis XVI d’inspiration néoclassique.

Pour préparer son frère, Abel Poisson, marquis de Marigny, à sa future charge de directeur des Bâtiments et manufactures du roi, la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV, l’avait envoyé en Italie. Il est accompagné dans ce voyage par l’abbé Blanc, amateur d’art et détracteur de Rocaille, Charles-Nicolas Cochin, graveur, et l’architecte Jacques-Germain Soufflot. Les visites des grands sites antiques de l’Italie, dont ceux très récemment découverts d’Herculanum (à partir de 1738) et de Pompéi (1748), enthousiasmèrent les voyageurs qui, dès leur retour à Paris au printemps 1751, prônèrent un retour au « style grec » qui prendra par la suite l’appellation de style néoclassique.


Le mobilier


Le style « à la grecque » est rapidement adopté par les ornemanistes, dont Jean-Charles Delafosse et Jean-François de Neufforge, architecte flamand auteur d’un livre de modèles de meubles à l’antique.

Il prend de l’ampleur à partir de 1755 et se prolonge jusqu’en 1770. Il influence certains menuisiers et ébénistes qui, sans abandonner totalement les motifs du style Louis XV, s’inspirent de ces modèles pour proposer des lignes hybrides associant courbes et droites, caractéristiques du style Transition.

Le retour à la droite et à la symétrie s’accomplit dans la légèreté et l’élégance. Après l’extraordinaire créativité du style Louis XV en matière de mobilier, le style Transition modifie la ligne des meubles, mais n’en propose pas de nouveaux. Les secrétaires, commode ou bureaux ont une caisse droite aux angles en pans coupés, forme qui annonce le style Louis XVI, tout en reposant encore souvent sur des pieds galbés de style Louis XV. La sécheresse des lignes s’atténue par des pans coupés, des arrondis et des ressauts qui évitent la rigidité.


TABLE VOLANTE EN ACAJOU DE STYLE TRANSITION, XIXE SIECLE Table volante de style Transition, XIXe siècle


Les meubles de petites dimensions sont toujours en vogue, notamment les bonheurs-du-jour, les tables en rognon et les petites coiffeuses.


L’ornementation


Si les formes du mobilier ne subissent pas des modifications majeures, l’ornementation évolue considérablement. En réaction au style Rocaille, on remet au goût du jour le vocabulaire décoratif de l’architecture classique. Aussi bien sur les ceintures des tables que sur les montants des secrétaires, le style à la grecque se manifeste par les ornements récemment relevés sur les temples exhumés : frises de postes, entrelacs, grecques, triglyphes et métopes, rosaces, palmettes, piastres, perles, guirlandes, rais-de-cœur.


IMPORTANTE COLONNE EN GRANIT ET BRONZE DE STYLE NEOCLASSIQUE, XXE SIECLE Grande colonne de style néoclassique

Les guirlandes de laurier traitées en bronze doré animent les commodes et les secrétaires, et les feuilles d’acanthe se trouvent en sabot ou en chute.

Parmi les grands ébénistes du temps, on compte Jean-Henri Riesener, Bernard Van Risen Burgh et Claude-Charles Saunier. Ils abandonnent les exubérantes marqueteries florales au profit de dessins plus sobres, ou d’un simple travail du placage visant à produire des motifs géométriques.

Boîte à bijoux à décor de marqueterie

Les bronzes, encore présents, s’allègent considérablement. Ils sont généralement fournis par les fondeurs.